Lazare Hoche naît le 25 juin 1768 au 18 de l’actuelle rue de Satory à Versailles. Son père est palefrenier aux écuries royales.
Il n’a pas encore 5 ans quand sa mère meurt en mettant au monde son frère mort né. Son père le confie alors aux frères de St Germain en Laye et à son beau-frère, prêtre dans une commune voisine.
En 1774, agé de 6 ans Lazare part habiter chez sa tante commerçante à Versailles. En contrepartie de la nourriture et du toit il devient son commis. Peu enthousiaste pour le commerce, comme son père, il aime les chevaux et entre à 14 ans aux écuries royales comme aide palefrenier.
Agé de 16 ans, Lazare s’enrôle le 19 octobre 1784 dans l’armée comme fusilier dans la garde française. Entré sans grade, il travaille d’arrache pied pour combler son retard scolaire. Passionné de lecture, bon vivant, il partage ses soirées entre littérature et fêtes. Il est également doué sur le terrain et occupe le grade de sergent des grenadiers aux gardes françaises en 1789.
Le 31 août 1789, son unité est dissoute. Sans emploi, il s’engage immédiatement dans la garde soldée de La Fayette. Cette nouvelle armée qui fait office de police municipale offre un emploi à tous ceux que la disparition des gardes françaises ont laissé sans emploi. il réprime les manifestations, s’interpose entre royalistes et républicains.
Sans enthousiasme pour ces missions, il quitte sans regret la garde soldée et intègre en janvier 1792 le 104° régiment de ligne au grade d’adjudant. Il passe officier et est pourvu d’une lieutenance au régiment de Rouergue.
En juin 1792, Hoche est lieutenant au 58° régiment d’infanterie, à Thionville (Lorraine). Sous les ordres du général Wimpffen, il défend la ville contre les Prussiens. Bien qu’en infériorité numérique (6 000 contre 16 000), les Français tiennent et finissent par prendre l’ascendant sur leurs adversaires. La victoire de Valmy signe la fin des combats, les Prussiens quittent Thionville le 1er octobre.
Hoche est nommé dans l’armée des Ardennes sous les ordres du général Le Veneur de Tillières, avec lequel il se lie. Le Veneur aura un rôle de mentor pour le talentueux jeune homme. Les deux hommes ont une profonde estime l’un pour l’autre et resteront amis.
Rapidement Hoche devient commissaire des guerres et est en charge de l’intendance. Les troupes françaises crient famine et Hoche, aidé d’un régiment, ravitaille les hommes en vivres.
Le 3 mars 1793, il devient aide de camp du général. Il part à Paris pour plaider la cause de son armée auprès du Comité de salut public et demander des vêtements, des chaussures, de la nourriture et des munitions.
Hoche aura tout au long de sa carrière de l’attention pour ses hommes. A son retour de Paris, Le Veneur est mis aux arrêts (Nous sommes sous la Terreur, le Comité de salut public arrête, suspecte et décapite à la moindre rumeur…). Hoche défend son ami et se retrouve lui aussi incarcéré. Il sort blanchi le 23 août.
Nommé à Dunkerque, Hoche met en place son organisation dès son arrivée. Avant d’élaborer ses plans de bataille, il s’entoure des meilleurs éléments, règle les problèmes d’intendance afin d’assurer des conditions de vie décentes à ses hommes (nourriture – vêtements – chaussures) et discipline les rangs. Son équipe sur le pied de guerre, il décide alors de la tactique à adopter.
Pour bloquer le duc d’York et ses hommes, il inonde les terres qui entourent Dunkerque et harcèle les Anglais, ne leur laissant aucun répit. Sa stratégie porte rapidement ses fruits, les Anglais en déroute sont contraints de s’enfuir. Fort de cette victoire, le Comité de salut public le promeut le 13 septembre 1793 général de brigade, puis général de division le 23 octobre de la même année.
A 25 ans, il devient général commandant en chef de l’armée de Moselle. Dès son arrivée, Hoche commence comme toujours par résoudre les problèmes d’intendance. Il y a pénurie de vêtements et de chaussures, les hommes sont légèrement vêtus et ne sont pas tous chaussés. A Paris, le Comité de salut public lui ordonne de reprendre Landau que l’armée du Rhin a dû abandonner en octobre. Hoche préfèrerait laisser passer l’hiver et se donner le temps d’établir un plan d’attaque. Mais quand le Comité ordonne, les généraux qui tiennent à leur tête exécutent. Hoche lance donc ses hommes à l’assaut de Landau. Les conditions de la victoires n’étaient pas réunies et Hoche essuie un sévère échec. Sa stratégie était discutable, et, associées à une méconnaissance du terrain, au froid et au manque d’effectif, il était logique qu’il perde cette bataille. En pleine Terreur, cette défaite aurait pu lui coûter la vie, mais le Comité de salut public apprécie le jeune homme et lui conserve sa confiance.
Après cet échec, Hoche modifie son plan de bataille. Il prend Wissembourg et libère Landau. La victoire se dessine. Il est pressenti pour commander les armées du Rhin et de la Moselle. Mais Saint-Just, qui préfère nommer Pichegru à ce poste, le dénonce au Comité de salut public. Il passe du statut de héros à celui de prisonnier ! Emprisonné à la conciergerie, Hoche attend de monter sur l’échafaud. Agé de 26 ans, jeune marié, il ne doit la vie sauve qu’à la chute de Robespierre et recouvre la liberté.
En août 1794, il est rappelé au commandement des armées de Brest et de Cherbourg pour pacifier la Vendée. La tâche est difficile. La chouannerie, guérilla bretonne, a remplacé la Grande armée regroupée derrière ses généraux. Hoche découvre une armée républicaine indisciplinée et désorganisée.
Il commence par remettre de l’ordre dans les rangs avant d’élaborer une stratégie. Celle-ci sera double : militaire et sociale. Avec la fin de Robespierre la Terreur est terminée et, plutôt que mener des actions militaires, Hoche s’attache à pacifier la région et fait des propositions au Comité de salut public en ce sens :
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Indemniser les paysans ralliés à la cause républicaine,
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Enrôler de force les paysans royalistes, pour les éloigner de leur terre,
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Rallier les prêtres à la cause républicaine, par l’argent ou par les sentiments.
Dans le même temps, sur le plan militaire, son armée organisée en camps et unités mobiles quadrille la région et neutralise les actions de guérilla. Sur le volet humain, Hoche calme les esprits. Plutôt que de faire couler le sang, il cherche le retour à paix, au sein de la République. Pour sortir de cette guerre fratricide il fait en sorte de redonner sa dignité à l’adversaire afin qu’il puisse en sortir la tête haute. Les rangs des insurgés, au bord de la famine comptent de plus en plus de désertions. La paix gagne du terrain, les Chouans, découragés, reviennent à des idées pacifiques.
C’est dans ce contexte que s’amorcent les discussions de paix entre Républicains et insurgés. Pour les Vendéens, Charette mène les négociations. Hoche ne croit pas à ces négociations et pense que Charette ne souhaite pas vraiment signer une paix durable. Il le soupçonne de ne chercher qu’à gagner du temps pour restructurer son armée et repartir en campagne, il a raison…
Le 15 février 1795, Républicains et Royalistes signent les accords de paix de la Jaunaye.
Ces accords ne seront pas suivis sur le terrain. Stofflet, grand rival de Charette pour la suprématie de l’insurrection vendéenne, exclu de la négociation, refuse de signer. Quand à Charette, à peine a-t-il apposé sa signature, qu’il prépare un nouveau soulèvement. Mais Hoche veille…
En avril des négociations s’ouvrent entre Républicains et Chouans. Les motivations de ces derniers sont identiques à celles de Charette : gagner du temps pour préparer un débarquement anglais. Hoche, comme pour les accords de la Jaunaye, y est hostile. Un accord sera néanmoins conclus le 20 avril 1795.
Les Chouans acceptent de déposer les armes et de reconnaître la République. Ils obtiennent en échange la liberté de culte, la dispense de conscription et 1 500 000 livres d’indemnités. Cet accord n’est signé que par 23 Chouans. Les Manceaux, Cadoudal et Frotté refusent de le signer. Un mois plus tard, après que le pacte a été maintes fois transgressé, l’accord est rompu.
Le 26 juin 1795, les Chouans préparent à Carnac un débarquement anglais. Hoche prend sur le champ ses dispositions et lance une contre-offensive. Il demande et obtient du Comité de salut public un renfort de 12 000 hommes et des vivres. Il déploie ses régiments tout le long de la Bretagne, occupant ainsi tout le territoire, et met en poste un régiment de huit mille hommes à Sainte Barbe, en attente des insurgés. La confrontation a lieu le 6 juillet et tourne à l’avantage des Républicains qui repoussent les Britanniques dans le fort de Penthièvre. Après un siège de plusieurs jours, Hoche décide de lancer l’offensive de nuit. Malgré la résistance des Anglais, le fort tombe aux mains des Républicains. Après ce succès, Hoche obtient le commandement de toute l’armée de l’ouest, et remplace aussitôt le général Canclaux à Nantes.
Malgré ce premier échec les Anglais reviennent au large des côtes françaises. Les Républicains pensent qu’ils choisiront la Vendée pour débarquer. Hoche, fort de ses quarante-quatre mille hommes met en place sa stratégie et déploie ses troupes le long de la Sèvre nantaise pour couper Charette des armées du centre et de l’Anjou. Il devance les Anglais sur la plage de l’île d’Yeu, les empêchant ainsi de débarquer. Simultanément, il répond aux attaques de Charette, qui, dans les terres, essaie de faire diversion. Mais Hoche s’est bien préparé, il dispose de suffisamment d’hommes qu’il a réparti efficacement. Il mate la rébellion, et repousse les Anglais.
Sans aide de l’extérieur, la cause royaliste est perdue. Hoche est désormais en position de force et peut passer à l’étape suivante : pacifier la Vendée. Il commence sa pacification par la Basse Vendée, pour remonter en Anjou et en Bretagne. La pacification se déroule sans heurt ni débordement, les Royalistes sont toujours bien traités et acceptent de rendre les armes. Le Directoire convoque Hoche à Paris et, après exposition des faits, lui accorde sa confiance. Hoche est alors promu commandant supérieur des 3 armées, réunies sous le nom des Armées des côtes de l’océan.
Après la mort de Charette les Vendéens rendent les armes. Hoche termine la pacification en Anjou et en Bretagne. Le 15 juillet 1796 le Directoire annonce que grâce à l’action de Hoche les troubles dans l’Ouest sont apaisés. Hoche reçoit à cette occasion les honneurs de la patrie.
Après sa belle réussite vendéenne, Hoche prend la mer, et tente d’aller faire la révolution en Irlande mais il échoue face aux conditions climatiques. il prend le 23 février 1797 la tête de l’armée de Sambre et Meuse, composée de quatre-vingt mille hommes, qu’il réorganise. Face aux Autrichiens il marche triomphalement vers Vienne. L’armistice de Leoben signée entre Bonaparte et l’Autriche le stoppe dans son avancée.
Hoche meurt le 19 septembre 1797 à Wetzlar (en Hesse actuelle), à l’âge de 29 ans, d’une tuberculose. Les honneurs militaires lui sont rendus. La Vendée de son côté organise des funérailles d’honneurs à la mémoire de celui qui y a ramené la paix.