Jérémie Averous, l’excellence toujours renouvelée
Jérémie Averous est venu le 21 mai 2014 nous parler de son parcours d’excellence toujours renouvelée, et de trois grands sujets d’intérêt permanent pour lui et nous, ancien(ne)s ou élèves de Hoche : l’expatriation ; le choix de travailler pour un employeur ou d’être entrepreneur ; la «quatrième révolution ». Simple et direct, avec de belles illustrations sur écran, et les questions-réponses, il nous a éclairés et passionnés.
1. Le parcours déjà réalisé (1989-2014)
Son parcours d’excellences renouvelées commence à Hoche, en taupe ; il intègre l’Ecole Polytechnique en 1991, en est Major, poursuit aux Mines et en intègre le Corps en 1996.
La suite a résulté de la combinaison permanente du hasard et de la volonté. Il a travailléd’abord à l’Autorité de Sureté Nucléaire (1997-2004), dans des fonctions classiques pour un corpsard, avec l’avantage de responsabilités sensiblement plus élevées qu’en entreprise, à âge égal, puis va en cabinet ministériel mais en sort vite en raison d’un travail qu’il trouve extrêmement court-termiste. Devenu libre de ses engagements statutaires et déjà fort de plusieurs séjours assez longs hors de France, il met le cap vers l’Asie, d’abord à Kuala Lumpur, vers des activités plus originales : les grands projets stimulant l’esprit d’innovation et exigeant l’analyse et la maîtrise de risques souvent considérables. Dans une entreprise spécialisée, il a notamment participé à des projets de construction de tuyauteries en mer à des profondeurs record : puits à – 1 200 m (soit quatre Tours Eiffel empilées), puis à – 3 000 m (soit de Chamonix au sommet de l’Aiguille verte) …, et des chantiers d’usines flottantes. Il a travaillé d’abord à prévenir les risques majeurs de ces opérations de construction, et corrélativement aidé à développer une co-entreprise (Joint-venture) entre son employeur et des partenaires malais, qui a vite employé 500 personnes.
Après le retour à la maison mère et des fonctions moins aventureuses, il la quitte et devient entrepreneur en créant en 2012 son cabinet de conseil à Singapour : Project Value Delivery, actif en gestion de grands projets, aux activités progressivement élargies aux « leadership training ; team effectiveness ; remote site integration ; … » et autres services (en finance, ressources humaines…) résumés par « Unleashing value from your large, complex projects » . Et ce n’est surement pas encore tout …..
2. L’expatriation : des observations peu connues en France
La formation (supérieure) française est très valorisable hors de France ; corrélativement, les français s’expatriant sous-estiment les salaires correspondants, et visent trop bas ! Récemment, depuis 2008, une vraie diaspora française se forme en Asie. Beaucoup de jeunes quittent la France dès l’obtention de leurs diplômes sans forcément l’intention d’y revenir.
L’expatriation apporte vraiment beaucoup : on doit se débrouiller et aboutir, découvrir et côtoyer d’autres cultures ; on y prend plaisir, et on en apprend beaucoup ; ne pas négliger les risques de tensions familiales.
3. Le choix de statut : travailler pour un employeur ou être entrepreneur
Jérémie, d’abord salarié puis entrepreneur, compare les deux : « le choix est dans la tête ! » Paradoxalement, le salariat peut comporter, à cause de l’unique employeur, plus de risques. En tout cas, il a choisi de ne pas faire carrière dans un grand groupe (« beaucoup d’appelés, peu d’élus au sommet »), préférant avoir ainsi plus de liberté de choisir et de développer des activités intéressantes et variées – et avoir plus d’influence sur le devenir de l’organisation.
Ce choix exige à ses yeux de se concentrer sur sa « niche » de compétences et d’expériences, de l’enrichir, de savoir dire non à la plupart des sollicitations, et de communiquer pour être toujours connu (par les réseaux sociaux, son blog, les livres qu’il publie, ajustés à ses clients).
4. La « quatrième révolution »
La quatrième révolution provient de l’irruption des Nouvelles technologies de l’information, après les trois précédentes :
- 1) débuts (couplés) de la chasse et du langage
- 2) apparition de l’agriculture et de l’écriture
- 3) émergence de l’industrie et diffusion à large échelle de l’information (broadcasting).
Il nous a montré :
- sa courbe du volume des connaissances, amusante car elle exprime le nombre de DVD contenant toutes les connaissances (sciences y compris SVT et sciences humaines) en fonction du temps :
« Dans l’Antiquité, tous les ouvrages de la grande Bibliothèque d’Alexandrie, le Harvard-MIT des connaissances de l’époque, tiendraient en quelques 12 DVDs, … en 2010, il lui faudrait toute la capacité d’un super- cargo (300 000 tonnes) ! » - celle de l’effondrement des coûts unitaires (en monnaie constante) de communication internationale en 150 ans, via le télégraphe, puis le téléphone, et maintenant Internet ;
- la page de garde d’un de ses livres : un papou en costume traditionnel consultant sa tablette : « son père était coupeur de têtes et il est connecté à internet » !
Il a souligné toutes les évolutions historiques spectaculaires de l’organisation des entreprises : de la pyramide hiérarchique stricte de l’entreprise industrielle de nos maitres de forges du Second Empire, puis des décennies du taylorisme, à celle du travail par projets d’aujourd’hui où les relations professionnelles et les échanges intra-équipe sont devenus des « flux turbulents » …., et il en est devenu de même pour l’ensemble de la société, sous l’effet des réseaux sociaux.
Voilà de quoi inspirer nos orientations de vie professionnelle, nous aider à faire notre propre prospective, des conseils pour travailler dans l’international, et une belle sensibilisation à l’innovation qui est toujours un grand ressort de la croissance. Merci beaucoup, Jérémie, d’être venu nous éclairer, et bravo pour toutes les étapes de ton parcours réussi, dont la suite nous étonnera elle aussi !