Reçu au bac

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Une autre histoire, un peu ancienne puisqu’elle remonte à 1991… Celle de mon fils A. qui n’était pas élève à Hoche. Il était un peu cancre, pas bête, plein de bonne volonté mais légèrement paresseux. Il se trouvait en terminale dans un établissement privé versaillais, bien estimable, mais dont le niveau, il faut le dire, n’était pas très haut. Mon fils était en terminale S, non pas qu’il ait été brillant en maths et physique, mais il était complètement nul dans toutes les autres matières…

Vient le bac ! Résultat : 6,3 / 20. Sans appel. Que faire? Le laisser redoubler dans cet établissement pour espérer 7,5 / 20 l’année suivante?
 
Mon épouse, peu familière des lycées de la ville, a alors une idée originale et surprenante : si nous demandions à Hoche de le prendre? Je tombe à la renverse, ancien élève pendant dix ans, je n’aurais jamais osé y penser. Mais faute d’autre solution, essayons !

Dans un cas délicat comme celui-ci il vaut mieux écrire plutôt que déranger une personne au téléphone et risquer de l’incommoder. J’écris donc au proviseur, Monsieur Mosser, que je connaissais un peu, étant représentant des parents d’élèves au conseil d’administration de l’établissement (un autre de mes enfants y était élève). Sur le thème : « Monsieur le proviseur, nous admirons votre remarquable établissement qui envoie chaque année vingt-cinq élèves à HEC et autant à l’X. Serait-il aussi capable de faire quelque chose dans un autre registre : prendre un élève en perdition et lui faire passer ce bac qui lui est nécessaire ? Ensuite il ne vous demandera plus rien ayant une voie déjà ouverte ailleurs mais il lui faut passer ce cap ».

Pas de réponse. Puis un soir vers 18 h mon épouse m’appelle au bureau : le proviseur vient de convoquer A. immédiatement. Je me précipite au lycée, vais droit au bureau du proviseur qu’heureusement je savais situer. Le lieu est assez impressionnant, même pour un ancien élève… vaste pièce, mobilier national, proviseur trônant et expliquant au petit élève tassé sur sa chaise qu’il était nul.
– Monsieur le proviseur, hélas nous savons, mais que pourrions-nous envisager dans un sens positif ?
– Qu’il travaille beaucoup cet été pour rattraper une partie de son retard et nous en reparlerons à la rentrée.

La rentrée, rien. A. n’est sur aucune liste de classe. Devant l’urgence, j’ose cette fois téléphoner :
– Monsieur le Proviseur, qu’en est-il ?
– Je veux bien le prendre s’il s’engage à avoir toute l’année la moyenne dans toutes les matières.
– Impossible dit A., je ne peux pas m’engager à ce niveau.
– Bon, qu’alors il s’engage à travailler dans toutes les matières sans rien négliger

Il a passé la pire année de sa vie. Il n’était pas au niveau et a dû faire un effort considérable. Plusieurs professeurs ont été conscients de son cas et l’ont soutenus.

Il a obtenu le bac avec juste ce qu’il fallait de points, pas un de plus, mais il l’a eu. Il est entré dans une école d’ingénieurs à prépa intégrée, en est sorti diplômé et dirige maintenant une entreprise de services informatiques.

J’ai encore écrit au proviseur, sur le thème « bravo et merci ». De fait, il y a d’autres établissements d’excellence, à Versailles en particulier. Je pense qu’ils n’auraient pas su s’intéresser à un cas difficile mais qui en définitive n’était pas désespéré. Ce type de réussite est aussi à porter au crédit de notre Lycée.

Jean-François Leblond (1964)

 
 
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