Médaillé … par procuration

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Dans les années 50 entre la place Hoche où je suis né et le lycée, on n’était malheureusement pas vraiment poussés par nos familles vers les disciplines sportives ou artistiques.

Ma pratique sportive se résumait à la gym à Hoche ou aux parties de balle aux prisonniers pendant les sorties scoutes, c’est dire…

Mai 81, mon fils Kevin n’a pas un an et pas par peur des rouges mais juste envie de campagne, on emménage dans une maison à Houdan.

Là c’est idéal pour éviter au fiston la frustration que j’ai pu avoir, en lui faisant découvrir une palette de sports dont principalement judo, tennis et …équitation.

Très vite c’est le cheval qui prend le dessus et devient central avec les encouragements de sa monitrice.

Il passe de plus en plus de temps au petit club hippique local où on lui trouve des qualités certaines qui dépassent le simple amour du cheval du début pour la découverte d’une discipline et bientôt d’un art. Le petit gars appliqué exprime vite l’intention de faire du saut d’obstacles, peut-être pas encore sa vie, mais son sport.

Il faut trouver un encadrement de plus haut niveau et la mère de Kevin se souvenant d’avoir pratiqué chez les Delaveau, le voilà de plus en plus souvent en stage dans cette écurie de Beaumont-le-Roger dans l’Eure où il peut étancher sa soif de progresser et poursuivre son apprentissage coaché par Denise Delaveau. Patrice, le fils ainé, devient son modèle, il le retrouvera plus tard en équipe de France et maintenant au haras de la Forge dans l’équipe HDC de ses actuels propriétaires.

Il écume les concours locaux puis régionaux et nationaux, les barres sont de plus en plus hautes et en 1995 il devient champion de France junior. C’est Pierre Durand, dernier champion olympique en individuel, alors président de la Fédération d’Equitation, qui lui remet sa médaille. Pierre est une référence et j’irai à plusieurs reprises le consulter sur l’avenir de Kevin, il me rassurera comme il peut sur les chances de Kevin de faire carrière dans ce milieu fermé et compliqué, me confirmant ses prédispositions. Le bac passé, Kevin devient de fait assez rapidement pro en allant travailler pour les cavaliers français du circuit comme pour des marchands de chevaux. Il monte et forme toutes sortes de chevaux aux quatre coins de l’Europe, les barres en concours sont maintenant à 1 mètre 40 puis 1,50 et 1,60, on atteint le top niveau, les coupes s’accumulent et en 2009 à Windsor il décroche de belle manière le titre de champion d’Europe avec Kraque Boom.

Depuis c’est la vie de nomade, 50 weekends par an en déplacement avec ses chevaux au gré des étapes du circuit du haut niveau international et des coupes des nations ; me voici rassuré par sa progression dans le classement mondial ; sa réussite et son indépendance dans la voie qu’il a choisie me comblent, quoi de plus souhaitable pour ses enfants que de vivre de sa passion?

Depuis des années dans le top 10 du classement mondial avec une durée record en numéro 1, il affectionne particulièrement les championnats et la vie d’équipe, l’apothéose en étant bien sûr les Jeux Olympiques.

Rio 2016 : deuxième olympiade pour Kevin avec une belle équipe qui espère bien faire oublier les contre performances de Londres. Nos champions sont pleins d’espoir et gonflés à bloc pour l’épreuve suprême, mais plus d’une douzaine d’équipes le sont aussi, favorites et ambitieuses, de niveau équivalent. Il faut prendre en compte en plus cet aléa si particulier résultant de l’imprévisibilité du couple homme-cheval et cette alchimie qui participe d’ailleurs à l’intérêt unique de ce sport.

La semaine commence mal avec blessures et forfaits mais ces déboires finalement souderont l’équipe et la doperont. Les épreuves se succèdent et au final on se prend à y croire devant les retransmissions d’Equidia et aussi, pour une fois merci, sur France TV.

Les sans-fautes s’enchainent et finalement la magie du sport opère, le podium est en vue et même l’OR ! On rêve ou quoi ?!

Je vois l’équipe exploser, mon fils habituellement réservé, sauter de joie et embrasser sa DTN, on exulte, c’est tellement bon pour eux, pour nous et pour ce sport dont l’aura va enfin dépasser le cercle des connaisseurs. Il m’appelle tout de suite, avant même la remise des médailles ; le téléphone finalement c’est pas mal dans certains cas, même l’émotion passe bien ; quel bonheur partagé, avec les proches et bien au-delà.

C’est énorme, on mesure, dans ces occasions rares, à travers les marques de sympathies diverses et parfois de la part de connaissances éloignées, le pouvoir des medias bien sur mais aussi la puissance inouïe de l’olympisme.

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Plus que fier bien sûr de l’exploit du fiston, un peu gêné par les félicitations que je ne mérite malheureusement pas, j’ai fini par les accepter avec plaisir, me disant après tout que c’est ma médaille par procuration…

Aéroport CdG le 21 août on est là pour accueillir en fanfare nos héros, on attend on chante on crie ; les voici enfin, embrassades, émotion et joie collective.  Sur le chemin du salon où la fédé a organisé une petite réception d’accueil, Kevin est déjà dans l’après ; il me parle des prochains concours, de lui donner un coup demain sur la recherche de sponsors à chaud, bref la vie continue et de mon côté je me prends même à rêver de Tokyo et même de 2024 … à Versailles !

André STAUT, ancien de Hoche (1951 – 1967), administrateur adjoint de l’Association des Anciens Elèves

Olivier de Mazières (1976), artiste peintre

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A propos : Olivier de Mazières est né à Constantine en 1959.
Son père, préfet mais peintre passionné, l’initie très tôt à la peinture. Au lycée Hoche dès 1971, il obtient le bac en 1976 et continue en prépa jusque 1977. Diplômé d’HEC en 1980, il choisit pourtant d’être peintre et entre en 1985 dans l’atelier de Leonardo Cremonini aux Beaux-arts de Paris pour en sortir diplômé en 1990. Son travail s’attache aux espaces de la banalité, travaillés en plein air durant de longues errances, ou dans le temps long de l’atelier. Il regarde aussi les formes classiques de la peinture, nature morte, portrait, pour les faire revivre aujourd’hui. Il vit actuellement à Paris et en Languedoc, réalisant chaque année des expositions personnelles. Ses œuvres figurent dans les collections du Fonds national d’art contemporain, de la fondation Colas, du ministère des finances ainsi que dans de nombreuses collections privées en France et à l’étranger.

En savoir plus sur Olivier de Mazières : www.olivierdemazieres.com

Reçu au bac

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Une autre histoire, un peu ancienne puisqu’elle remonte à 1991… Celle de mon fils A. qui n’était pas élève à Hoche. Il était un peu cancre, pas bête, plein de bonne volonté mais légèrement paresseux. Il se trouvait en terminale dans un établissement privé versaillais, bien estimable, mais dont le niveau, il faut le dire, n’était pas très haut. Mon fils était en terminale S, non pas qu’il ait été brillant en maths et physique, mais il était complètement nul dans toutes les autres matières…

Vient le bac ! Résultat : 6,3 / 20. Sans appel. Que faire? Le laisser redoubler dans cet établissement pour espérer 7,5 / 20 l’année suivante?
 
Mon épouse, peu familière des lycées de la ville, a alors une idée originale et surprenante : si nous demandions à Hoche de le prendre? Je tombe à la renverse, ancien élève pendant dix ans, je n’aurais jamais osé y penser. Mais faute d’autre solution, essayons !

Dans un cas délicat comme celui-ci il vaut mieux écrire plutôt que déranger une personne au téléphone et risquer de l’incommoder. J’écris donc au proviseur, Monsieur Mosser, que je connaissais un peu, étant représentant des parents d’élèves au conseil d’administration de l’établissement (un autre de mes enfants y était élève). Sur le thème : « Monsieur le proviseur, nous admirons votre remarquable établissement qui envoie chaque année vingt-cinq élèves à HEC et autant à l’X. Serait-il aussi capable de faire quelque chose dans un autre registre : prendre un élève en perdition et lui faire passer ce bac qui lui est nécessaire ? Ensuite il ne vous demandera plus rien ayant une voie déjà ouverte ailleurs mais il lui faut passer ce cap ».

Pas de réponse. Puis un soir vers 18 h mon épouse m’appelle au bureau : le proviseur vient de convoquer A. immédiatement. Je me précipite au lycée, vais droit au bureau du proviseur qu’heureusement je savais situer. Le lieu est assez impressionnant, même pour un ancien élève… vaste pièce, mobilier national, proviseur trônant et expliquant au petit élève tassé sur sa chaise qu’il était nul.
– Monsieur le proviseur, hélas nous savons, mais que pourrions-nous envisager dans un sens positif ?
– Qu’il travaille beaucoup cet été pour rattraper une partie de son retard et nous en reparlerons à la rentrée.

La rentrée, rien. A. n’est sur aucune liste de classe. Devant l’urgence, j’ose cette fois téléphoner :
– Monsieur le Proviseur, qu’en est-il ?
– Je veux bien le prendre s’il s’engage à avoir toute l’année la moyenne dans toutes les matières.
– Impossible dit A., je ne peux pas m’engager à ce niveau.
– Bon, qu’alors il s’engage à travailler dans toutes les matières sans rien négliger

Il a passé la pire année de sa vie. Il n’était pas au niveau et a dû faire un effort considérable. Plusieurs professeurs ont été conscients de son cas et l’ont soutenus.

Il a obtenu le bac avec juste ce qu’il fallait de points, pas un de plus, mais il l’a eu. Il est entré dans une école d’ingénieurs à prépa intégrée, en est sorti diplômé et dirige maintenant une entreprise de services informatiques.

J’ai encore écrit au proviseur, sur le thème « bravo et merci ». De fait, il y a d’autres établissements d’excellence, à Versailles en particulier. Je pense qu’ils n’auraient pas su s’intéresser à un cas difficile mais qui en définitive n’était pas désespéré. Ce type de réussite est aussi à porter au crédit de notre Lycée.

Jean-François Leblond (1964)

Conférence du Vice-Amiral d’escadre (2s) Hervé GIRAUD, au lycée Hoche le 22 mars 2016 – le Général Henri GIRAUD : le libérateur oublié

 

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Le Vice-Amiral d’Escadre (2ème section) Hervé GIRAUD (Hoche 1964) est venu nous parler du Général d’Armée Henri GIRAUD (1879–1949), son grand père. Il avait déjà honoré le lycée Hoche par sa présence et par une allocution remarquée, lors de la cérémonie du Souvenir, le 10 novembre 2015.

Le 22 mars 2016, il nous a vivement intéressés une nouvelle fois, en évoquant la vie et l’œuvre du Général GIRAUD, dans son contexte historique, bouleversé et douloureux, qu’il connaît parfaitement, par sa famille et par sa carrière militaire ; il a accompagné son exposé, très précis et documenté, d’enthousiasme et de brio. Comme il est impossible de le restituer en entier, nous avons retenu es grands moments de cette vie, et le plaidoyer contre l’oubli de son action et l’ingratitude à son égard. Il est en effet, comme le rappelle Hervé, un grand libérateur oublié.

1. Un officier prometteur
Le Général GIRAUD fait partie (avec les futurs généraux de Gaulle, de Lattre, Juin) de cette génération d’officiers qui ont marqué l’histoire de notre pays et ont grandi, à la fin du XIXème siècle, dans le mouvement d’espérance nationale du retour de l’Alsace-Lorraine arrachée par à la France après la défaite de 1870. Esprit de revanche entretenu dans l’opinion grâce à l’action d’écrivains tels que Maurice Barrès et d’hommes politiques tels que Georges Clémenceau.

En 1914-1915, Giraud est capitaine. Blessé d’une balle au poumon à la bataille de Guise le 30 août 1914, laissé pour mort sur le champ de bataille, puis ramassé par des brancardiers allemands et fait prisonnier, il s’évade deux mois plus tard et regagne le front jusqu’à la victoire. Le 23 octobre 1917, il reprend avec son bataillon le fort de La Malmaison tenu par la Garde impériale ; cet exploit connaît un très grand retentissement. Nommé commandant, il participe ensuite à toutes les offensives de 1918 au sein de la fameuse division marocaine, et termine la guerre avec cinq citations dont quatre à l’ordre de l’Armée.

2. Entre les deux guerres : l’Afrique du Nord, et la menace allemande.
Après deux années de repos forcé dû à ses blessures de 1914-18, il est rappelé au service lors du déclenchement, au Maroc, de la guerre du Rif où ses qualités de tacticien et de chef lui valent les éloges de Lyautey. Blessé, il se distingue par la capture du chef rifain, Abd-el-Krim (1925). Un fait d’armes célébré par tous les grands journaux et applaudi par l’opinion publique.

Affecté ensuite à l’Ecole de guerre (1927) comme professeur d’infanterie, il enseigne et participe à la réflexion stratégique, soulignant avec clairvoyance le rôle croissant des chars et de l’aviation.

En 1930, nommé général, il parachève la pacification du Maroc. Après avoir commandé la division d’Oran, il est nommé début 1936 gouverneur militaire de Metz, qui est alors la capitale militaire de la France face à l’Allemagne. Convaincu des intentions belliqueuses du nouveau régime allemand, il pousse sa hiérarchie à se montrer ferme face à Hitler en ripostant, en1936, à la réoccupation de la Rhénanie par l’Allemagne et, en 1938, peu avant les accords de Munich, en recommandant à l’Etat-major d’occuper préventivement la Sarre pour donner l’avantage à la France lors du prochain conflit. Hélas ! Il n’est pas écouté.

3. Les grandes épreuves et les grandes réussites : 1940-1949
Promu général d’Armée, Giraud réalise en mai 1940 la manœuvre Bréda (une des rares grandes offensives françaises de la guerre de 1940), à la tête de la VIIe Armée, à laquelle le général Gamelin l’arrache le 15 mai pour le nommer en catastrophe à la tête de la IXème Armée alors en pleine débâcle devant la ruée des panzers à travers les Ardennes. Mais le 19 mai 1940, Giraud, toujours en première ligne, tombe aux mains du Panzer Gruppe du général Von Kleist et il est transféré dans la forteresse de Königstein (Saxe). Il refuse de prêter serment de ne pas s’évader, et écrit en septembre sa fameuse « Lettre à ses enfants » qui commence par ces mots : « Je vous interdis de vous résigner à la défaite… » et qui va connaître un grand retentissement au sein de l’armée d’armistice en France occupée.

Deux ans plus tard, le 17 avril 1942, à 63 ans et malgré les séquelles de nombreuses blessures, Giraud s’évade en descendant un a pic de plus de 40 mètres avec une corde qu’il a tissée lui-même puis, après un périple mouvementé de 800 kilomètres à l’intérieur du Reich, poursuivi par la Gestapo, mais grâce au concours des résistants alsaciens et lorrains dont plusieurs le paieront de leur vie, il parvient à regagner la zone libre par l’Alsace et la Suisse. Cette « évasion retentissante » est le premier camouflet à Hitler sur le territoire même du Reich. Lors d’un discours aux Communes, Churchill lui rend cet hommage : « Giraud, l’homme qu’aucune prison ne peut retenir. » Refusant de se constituer prisonnier comme le lui demande Vichy, Giraud, prend contact avec les Américains (accords GIRAUD/MURPHY du 2 novembre 1942 qui préservent la souveraineté française) et organise l’ORA (l’Organisation de résistance de l’Armée).

Le 6 novembre 1942, Giraud s’évade de France à partir d’une plage du Lavandou en direction de l’Afrique du Nord où, retardé par le mauvais temps, il n’arrive que le 9 novembre alors que le débarquement allié a commencé la veille.

Les Américains décidant- en son absence – de jouer la carte Darlan, il se rallie à contre cœur à cette formule pour cause d’urgence stratégique et, le 19 novembre, il relève l’ultimatum de Von Rundstedt : la bataille de Tunisie commence. Mal armés, mal équipés, 80000 soldats français font preuve d’un héroïsme quotidien durant cinq mois. Le bilan est terrible : 10 000 tués et disparus.

Le 28 novembre 1942, il est déchu par Vichy de la nationalité française. Ses biens sont confisqués et sa famille est déportée en Allemagne.

Fin décembre 1942, après l’assassinat de l’amiral Darlan, il devient commandant en chef civil et militaire de l’Afrique du Nord. Et en janvier 1943 lors de la conférence d’Anfa, il obtient de Roosevelt le réarmement de l’armée française qui va lui permettre de tenir sa place dans la bataille d’Europe. « C’est à Giraud et à lui seul que l’on doit le réarmement de l’armée française », écrit le Pr. Philippe Masson. La célèbre photo de sa poignée de main avec de Gaulle, en présence de Roosevelt et Churchill, fait le tour du monde.

Le 20 mai 1943, dans Tunis libéré, Giraud et Eisenhower président côte à côte le défilé de la victoire. Roosevelt écrit à Giraud : « J’exprime l’admiration du peuple de l’Amérique en saluant la brillante contribution des forces françaises sous votre commandement, qui vient d’aboutir, hier, à la délivrance de Tunis et de Bizerte. ».Giraud invite de Gaulle à le rejoindre à Alger et, le 3 juin 1943, les deux généraux créent ensemble le CFLN (Comité Français de la Libération Nationale) qu’ils co-président.

Sans l’aide des Alliés qui trouvent l’affaire trop risquée, et contre l’avis du Général de Gaulle et de certains membres du CFLN qui prédisent un «bain de sang», Giraud libère la Corse en trois semaines avec l’appui de la Résistance corse. Le 4 octobre, de Gaulle le félicite au nom du gouvernement de « l’heureuse issue » de l’opération militaire. « Il l’avait prescrite et lancée. Il en avait assumé le risque. Le mérite lui en revenait », écrira-t-il dans ses Mémoires.

La politique reprenant ses droits, Giraud se voit retirer ses attributions de co-président en novembre 43, mais devient Commandant en chef de l’armée française réunifiée (Armée d’Afrique et FFL), et lance le corps expéditionnaire français commandé par Juin dans la campagne d’Italie.

Partisan de l’offensive danubienne à partir de l’Italie reconquise, Giraud est placé, le 14 avril 1944, pour cause de différent géostratégique avec le Général de Gaulle, en réserve de commandement. Le Général de Gaulle décide donc de supprimer le poste de Commandant en chef des Armées françaises occupé par Giraud.

Le 15 avril 1944, au cours d’une conférence de presse, à Alger, le général de Gaulle lui rend néanmoins cet hommage : “Je dis bien haut que la magnifique carrière militaire du général Giraud fait extrêmement honneur à l’Armée française. Je dis bien haut que son évasion légendaire de la forteresse allemande de Königstein, sa volonté immuable de combattre l’ennemi, sa participation éminente à la bataille de Tunisie et à la libération de la Corse, lui assurent, dans cette guerre même, une gloire qui ne sera pas oubliée !”

Relégué à Mazagran, Giraud y est victime d’un attentat le 28 août 1944, mais il s’en sort miraculeusement. Rentré en France fin 1944, il tente de retrouver sa famille déportée à Friedrichroda (Thuringe) où est morte sa fille ainée, Renée.

Après la guerre, il écrit deux livres : Mes Evasions (1946) ; Un seul but, la Victoire (1949)

Après avoir reçu sur son lit d’hôpital la Médaille militaire, distinction suprême pour un général ayant commandé en chef devant l’ennemi, il décède à Dijon, le 11 mars 1949, Le général de Gaulle vient se recueillir devant sa dépouille et lors de ses obsèques nationales, Paul Ramadier, président du Conseil, et Max Lejeune, ministre de la Défense, prononcent son éloge funèbre. Son corps, exposé sous l’Arc de triomphe, est ensuite conduit dans la crypte des Invalides, parmi ses pairs.

Sa quatorzième et dernière citation dit ceci : « Chef prestigieux, aux états de service splendides, s’est évadé en avril 1942 de la citadelle de Königstein, exploit tenant de la légende, avec la volonté ardente de reprendre le combat. Présent à Alger à l’heure décisive, a pris une part déterminante à la rentrée en guerre de l’Afrique du Nord dans la guerre. A réussi dans les moindres délais à jeter les troupes françaises, face à l’avance allemande, en couverture des débarquements alliés, préparant, par les succès de Medjez-el-Bab, de Pichon, de Fahd et de Kasserine, la libération de la Tunisie. Quelques mois plus tard, en une action d’une audace extrême, avec des moyens réduits uniquement français, s’appuyant sur les combattants du maquis, a libéré la Corse, premier département métropolitain repris à l’ennemi. Enfin, de 1942 à 1944, a hautement contribué à organiser l’Armée française de la Libération qui devait s’illustrer dans les campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne. Soldat magnifique, d’un courage jamais abattu, d’une dignité égale à son abnégation, compte parmi les gloires les plus pures de l’Armée française. »

On peut retenir du Général GIRAUD, une grande œuvre, un grand chef militaire, un vrai patriote parfaitement désintéressé qui ne mérite certainement pas l’indifférence – quand ce n’est pas l’ingratitude – qui entoure encore trop souvent son souvenir (par exemple, son nom est trop peu donné à des lieux publics en France). Il est bien le grand libérateur oublié.

Merci beaucoup à Hervé GIRAUD d’avoir évoqué cette grande figure auprès des nombreux élèves et anciens élèves de Hoche, visiblement enchantés par sa conférence, de l’avoir fait revivre devant nous avec talent.

 

Vincent BOURGERIE, Vice-président de l’Association des Anciens de Hoche.

 

 

Dîner de Jean-Claude Soladié avec ses anciens élèves

Groupe

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C’était en 1990 …
 
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Ils se retrouvent 25 ans après …

Ancien professeur de mathématiques en HX3, Jean-Claude Soladié est revenu à Hoche le 10 mars 2016 pour dîner avec ses anciens élèves.

La vingtaine d’anciens élèves présents au diner étaient en majorité de la promo 1989, auxquels se sont joints des élèves de 1981, 84, 88 et 90.

« Merci à tous ceux qui nous ont permis de vivre cette soirée, de revoir notre (le mien en tout cas) Dieu des Mathématiques et de revoir d’anciens camarades, avec qui j’ai partagé une Math Sup inoubliable. Un petit bond en arrière de 25 ans et un réel bonheur de pouvoir rediscuter avec des personnes que j’ai réellement appréciées. J’espère que mes enfants pourront suivre des études aussi passionnantes et vivre des moments aussi forts que nous. Je ne sais pas si cela aura une suite mais que l’initiative était belle !!! » Loc Ho (1989)

« Un grand merci pour cette initiative. L’année de HX3 a marqué nos esprits. Une année difficile mais qui nous a fait nous dépasser! C’était un grand plaisir de constater que personne n’avait pris une ride ! Les visages étaient ceux d’il y a 25 ans et ont renvoyé à des années mémorables. J’ai bien noté que notre cher Monsieur Soladié gardait comme occupation ‘amusante’ quelques heures de colle. On voit bien la différence de perspective entre les colleurs et les collés ! Au plaisir de garder les contacts repris et de garder ceux qui ne se sont jamais interrompus depuis ces années. Encore mille merci pour cette rencontre que certains pourraient considérer que celle de vétérans mais que je qualifie plutôt de rencontre de la jeunesse qui dure ! » Hélène Fauve Buresi (1989)

Sur l’air Armstrong de Claude Nougaro, les anciens ont repris cette chanson composée pour leur professeur:

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Entretien avec Thomas Mordant (2013), étudiant à l’E.N.S. Paris (« Ulm »)

Thomas Mordant
Thomas Mordant

Nous avons été reçus très aimablement chez les Mordant, pour interviewer notre camarade Thomas quelques mois après son succès exceptionnel au concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure (E.N.S. Paris dite « Ulm »), en MP* (Maths Physique), obtenu à 16 ans, malgré son handicap moteur. Nous avons eu des échanges très intéressants sur cette Grande Ecole, sur les activités, sur la vie que Thomas y mène ainsi que sur ses perspectives professionnelles.

Merci de ton accueil et du temps que tu nous consacres, entouré par ta famille. Peux-tu d’abord nous relater ton cursus précédant l’entrée à l’E.N.S. ?

Je suis né le 23 octobre 1998 et j’ai effectué ma scolarité au Chesnay, au lycée Blanche de Castille. J’y ai obtenu le bac scientifique (série S spécialité mathématiques, en 2013) avec trois ans d’avance et la moyenne de 18.97 / 20. Attiré très tôt par les sciences, et en particulier par l’ « abstraction mathématique », j’ai choisi la préparation aux Grandes Ecoles et je suis entré à Hoche en Maths Sup ; ce Lycée a été tout de suite très accueillant pour le jeune nouveau que j’étais, j’y ai reçu de mes camarades de préparation MPSI et MP* une aide précieuse (par exemple, mes camarades m’ont fourni tous les contenus des cours auxquels je ne pouvais pas assister physiquement).

Le professeur de Mathématiques Spéciales (« Maths Spé ») savait combiner à la fois un comportement directif et exigeant et de la souplesse. J’ai visé les quatre E.N.S. (Ulm, Cachan, Lyon, Rennes), parce qu’elles correspondent le mieux à mes goûts scientifiques, et j’ai réussi le concours en juillet 2015, pour entrer ainsi à « l’E.N.S. Ulm », à la 22e place, à 16 ans.

N’as-tu pas vécu à Hoche une émulation amicale pour la 1ère place de ta classe de prépa ?

En effet, mon camarade Olivier Levillain et moi avons rivalisé – très courtoisement et de manière très stimulante ! – en tête de classe, c’est lui qui obtenait le plus souvent la première place, mais à l’arrivée, c’est-à-dire au concours de l’E.N.S. Ulm, je l’ai devancé de quatre places !

Merci, Thomas ! Nous serions maintenant très intéressés par ton cursus actuel à l’E.N.S. Ulm et tes premières impressions sur cette école et son enseignement.

Remarque : les rédacteurs recommandent vivement au lecteur de lire, pour connaître l’E.N.S. Ulm, l’article de Wikipédia « l’Ecole Normale Supérieure (Paris) ».

L’E.N.S. offre aux normaliens une certaine liberté et une très grande variété dans le choix de ses matières, couvertes par 15 départements de disciplines distinctes, par exemple celui de Mathématiques et Applications (DMA) auquel j’appartiens.

J’y suis des cours de Maths et d’informatique, et par ailleurs d’italien et de musicologie correspondant à mes goûts plus personnels. Comme vous pouvez le voir au piano à queue et à la collection de CD qui occupent cette pièce, la musique est une passion commune de ma famille. J’ai une véritable passion pour Mozart et ses opéras, et je suis très heureux de pouvoir les analyser de manière approfondie grâce à l’enseignement de spécialistes. J’aime particulièrement les Noces de Figaro et Cosi fan Tutte, ce qui explique le choix de mes cours littéraires : l’italien pour comprendre les livrets et les indications des partitions qui sont toujours écrites dans cette langue (allegro, crescendo…) et la musicologie pour comprendre la musique elle-même. J’ai aussi l’intention de suivre des cours dans d’autres disciplines aux semestres suivants, notamment en physique et peut-être en biologie.

En Maths, où nous sommes 45 élèves, nos méthodes de travail reposent sur les cours magistraux, des conférences et des groupes de travail ; par exemple, je viens d’y faire un exposé sur l’« inégalité isopérimétrique » (recherche des courbes maximisant, à périmètre identique, l’aire recouverte, dont la solution est le cercle). En informatique, le travail est très collectif avec la réalisation de projets concrets. Les enseignements nous sont donnés par la fine fleur des enseignants-chercheurs, souvent assez jeunes : en effet, c’est souvent entre 25 et 40 ans qu’ils sont à la pointe de leur recherche.  Chacun de nous est suivi régulièrement par un tuteur qui nous conseille dans notre projet d’études ; bien sûr, des examens périodiques sanctionnent nos progressions.

Le travail est moins soutenu qu’en prépa, et plus détendu, l’atmosphère est plus conviviale ; un exemple en est, chaque mercredi, le Thé du DMA, en espace « Cartan »: nous y avons entre nous une rencontre hebdomadaire tout à fait informelle, nous y parlons librement de tous les sujets, le plus souvent extra professionnels, qui nous plaisent… Mais il est amusant de noter que l’administration de l’E.N.S., pleine de sagesse et sentant que le naturel revient parfois au galop, nous y a mis des tableaux noirs… pour le cas où notre curiosité mathématique, normalement débranchée lors ce thé, nous démangerait subitement.

Je vois les traditions normaliennes séculaires d’Ulm se perpétuer, avec d’abord leur vocabulaire imagé : en 1ère année, nous sommes des conscrits, et serons en 2ème année des vieux cons, nos tuteurs ou agrégés-préparateurs sont surnommés caïmans, les fêtes sont des kalôs, et on continue de qualifier les catholiques et protestants pratiquants respectivement de « talas » et « talos »  ; le Bocal est notre journal interne, auquel j’ai déjà envoyé une contribution ; le terme Archicube désigne nos anciens et leur revue.

La Courô (abréviation de Cour aux Ernests) est un lieu emblématique de l’Ecole : une cour avec un bassin situé au centre des bâtiments de l’ENS, rempli de poissons rouges (les Ernests, prénom d’un ancien directeur de l’E.N.S.) dans lequel chaque nouvelle promotion de conscrits est initiatiquement plongée en début d’année.

Et comment vois-tu les années suivantes et ton futur cursus ?

Il est encore tôt, à trois bonnes années et demie de la sortie de l’E.N.S., pour arrêter mes futurs choix professionnels ! Toutefois, je serai certainement mathématicien, et mes études à l’E.N.S. vont certainement élargir ma vision du domaine extrêmement large et évolutif des mathématiques. Au stade actuel, j’étudie les trois principales branches des mathématiques, qui m’intéressent beaucoup : la topologie (modélisation et propriétés des formes des objets multidimensionnels), l’algèbre, et les probabilités. Au-delà de l’E.N.S., je pense travailler, comme les trois quarts des anciens, dans le vaste domaine de la recherche et de l’enseignement, et à ce titre entreprendre une thèse de doctorat, puis postuler, via les concours de recrutement, à des postes d’enseignement supérieur et de recherche.

Thomas, merci beaucoup de cet interview, bonne chance pour toute la suite de tes activités qui intéressent tous nos camarades de Hoche ; bravo encore à toi, à ta famille et aux autres personnes qui t’accompagnent, pour ton entrée remarquable à l’E.N.S. Ulm.

Vincent Bourgerie et Martial Fabre, administrateurs de l’Association des Anciens de Hoche